2 mars 2013
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14:32
Elle avait peint sur son mur gris une grande plage de sable blanc qu’une eau turquoise et lente léchait suavement. Des cocotiers ébouriffés semblaient attendre distraitement quelques naufragés
innocents. Seules trois mouettes criardes animaient un peu ces horizons trop paisibles. De ridicules et inutiles petits crabes s’effrayaient de leur propre frayeur. Elle s’allongea sur sa natte
en se disant que faire la sieste allait bien avec le décor. Finalement, ne parvenant à trouver le sommeil, elle se déshabilla et alla nager.
1 mars 2013
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09:59
L’excès jamais ne comble le manque.
28 février 2013
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L’élève : Pourquoi ?
Le maître : Quoi ?
Le chat : On dit comment.
27 février 2013
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12:06
Mes mots sont les éclats d’un être dont je ne suis que le rêve.
26 février 2013
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11:03
On se méprend sur l’individu à considérer ses yeux et non ce qu’il regarde, mais on se trompe aussi à estimer ses héros plus que ses outils.
25 février 2013
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03:00
Que serai-je demain ? ces rêves sont engageants et ne sais quel choisir.
Aujourd’hui tu es là, les mûres sont colorées mais un peu courtes en bouche.
Il était beau hier, les filles aux nattes brunes croisées à la récré.
La vie est une leçon de conjugaison simple et complète si l’on sait éviter les temps circonflexes.
24 février 2013
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03:00
Plus rien ne bouge quand tout s’agite, la répétition épargne les questions et le bruit maintient debout.
Tout passe et rien ne se passe plus.
ARNO
23 février 2013
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03:00
Il faut savoir greffer une faim, ferrer une grive et gravir une Ève.
À l’inverse, savoir graver une FIV, férir un rêve ou gaver une fève n’est d’aucune utilité dans la vie.
Quant à grever l'ire d'une vague frigide, ça ne veut rien dire du tout !
22 février 2013
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12:24
Aux familiers du bruit, le sens paraît d’abord exotique puis clandestin et enfin importun.
21 février 2013
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21:01
La veille est-elle autre que le suspens provisoire et vain d’un essentiel sommeil ?
20 février 2013
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19:55
Nombre d’hommes, dit-on, ont le regard qui dérape quand ils conversent avec des femmes.
Il ne s’agit ni de contester ni d’excuser mais les femmes sont-elles certaines qu’elles continueraient de fixer les hommes dans le blanc des yeux si, par un caprice de la nature, ils portaient
leur sexe autour du coup ou sur l’oreille ?
19 février 2013
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21:01
De quel bois est-il fait, poète, ton crayon, pour qu’il porte si loin de si lointains souvenirs.
18 février 2013
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20:17
La crainte d’une main vengeresse ne trouble plus nos nuits tranquillisées. Demain ne nous inquiète pas et c’est bien là le problème, on ne fait plus qu’attendre et compter.
17 février 2013
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10:00
La vertu n’est rien où la jouissance n’est pas.
16 février 2013
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Il faut, pour séduire, donner ce qui est attendu et l’affaire est conclue. Étonner, c’est autre chose, il faut insatisfaire.
15 février 2013
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03:00
« Too cool » aurait dit Héraclite dans un franglais approximatif lors de son premier (et dernier) séjour sur la Riviera sans que l’on sache s’il voulait dire « c’est trop
froid pour se baigner » ou « c’est trop cool d’être ici, on s’ennuie à Éphèse ». Les traducteurs grecs, qui ne parlaient pas l’anglais, n’ont rien compris et ont opté
pour panta rhei.
ARNO
14 février 2013
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03:07
Souvent, les poèmes écrits la nuit gardent même en plein jour une obscurité hésitante.
ARNO
13 février 2013
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03:00
La langue s’appauvrit, dit-on, je ne sais. Et ne sais pas non plus si l’on peut vérifier la chose.
Ce qui m’apparaît incontestable en revanche c’est qu’elle perd en odeurs : la langue ne sent plus très fort. Je n’entends plus de mots qui sentent le varech ou la tourbe, la Boyard maïs ou
le patchouli.
12 février 2013
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03:00
Trop de livres
Et pas assez de mots
Les choses se taisent.
11 février 2013
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13:56
Allongé à l’ombre de l’infini, noyé dans de puissances théories, l’innocente piqûre d’une fourmi le rappelle à la présence.
Que ne suis-je pur esprit !, se met-il à rêver, ignorant donc qu’ils rêvent de courbatures, les esprits, de gifles et de brûlures.
ARNO
10 février 2013
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Tire un mot, dit le poète à la jeune fille. « Fleur ». Trop facile, un autre. « Rétroprojecteur ». Trop difficile, un autre. « Shampoing aux œufs ». Trop moche, un
autre. Y’en n’a plus.
ARNO
9 février 2013
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22:57
Pas facile l’existence. On n’a pas de texte, pas de scénographe, pas de metteur en scène et jamais le temps de répéter.
C’est pour cela sans doute qu’on se fait rarement applaudir.
ARNO
8 février 2013
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Le rêve est spectaculaire mais sans œuvre.
7 février 2013
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L’ignorance est le luxe du savant.
6 février 2013
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Ils sont mal tombés les Kevin, c’était l’année des K et leurs parents n’ont pas eu le choix.
Vous imaginez un Kamikaze Martin, un Kaira Robert ou un Kadhafi Dubois ? Et pourquoi pas Karaoké, Kebab, Khmer ou Klebs. Kriegspiel, c’est exotique mais imprononçable, quant à Kwashiorkor,
c’est un prénom à vous faire un dyslexique. Kirikou sonne bien, mais c’est difficile à porter après 45 ans. Kleenex ou Ketchup ? n’ y pensez pas, c’est le procès assuré et ça ne fait pas
nécessairement une bonne entrée dans la vie.
Que reste-il ? Kennedy ? ça porte la poisse. Kenya ? non, c’est un nom de pays ! (vous vous voyez avec un fils appelé Burkina Faso ou Mongolie intérieure !).
Kerwann ? alors là, il faut aimer, sans vouloir ne vexer personne, ça fait quand même un peu biniou… Kléber ? oui c’est bien, mais qui se souvient du général ? les plus cultivés
pensent à la place et les autres aux pneus. Klein ? c’est risqué, parce qu’avec des yeux marrons, c’est une faute de goût irréparable. Klorane ? ça c’est vraiment beau (évidemment c’est
déjà pris, et par une marque de champoing antipelliculaire !). Quoi d’autre ? Karambar ? le drame c’est que tu perds tous tes copains le jour où ils apprennent que ton père est
contrôleur de gestion et pas inventeur de bonbons. Ky ? c’est charmant et facile à écrire mais sujet à kyproquo (− Bonjour, qui est là ? − Oui − Non je demande qui ?
− Ky ? ben c’est moi. − Qui moi ? − Non pas Moi, Ky…). Kalachnikov, King Kong ? ça peut servir dans la vie mais ça ne passe pas à l’état civil.
Vraiment il n’y avait pas d’autres possibilités pour les Kevin ; c’est quand même pas de chance parce que, à quelques semaines près, ils auraient pu s’appeler Jean ou Luc.
ARNO