L’artiste, ce modèle inimitable.
L’artiste, ce modèle inimitable.
Ce que nourrir nous dit, y a-t-on seulement pensé ?
La Terre ou le sein, la main qui donne, le frère ou l’hôte, la table qui chante, le grain le vent, le sang le vin, les lèvres qui tremblent et la vie qui bat.
Et allez ! Tournier, Eco, Harper Lee. Comme il ne reste plus de rocker, ce sont les écrivains qui ont décidé de mourir. Si ça continue, nous n’aurons plus que des footballeurs...
[… et Alain Finkielkraut qui, aux dernières nouvelles, se porte très bien même si, à ma connaissance, il ne pratique pas le football.]
A-t-on idée, je veux dire, des études scientifiques sérieuses ont-elles été menées pour savoir ce qu’il y a dans la tête – et je pose la question ingénument, je promets – d’un supporter qui assiste à un match de football ?
La durée, censée être le lieu, la scène de nos cheminements, leur condition même, est aujourd’hui vécue comme entrave ou contrainte ou complication ou insupportable délai. Un peu comme si vivre était un obstacle à la vie !
Un remaniement des membres de l’Académie ; non ?
Gonflé ici
Épilé là
Le corps tuné
Un lundi d’hiver, bien avant l’aube, un nouveau-né fut déposé là, dans son couffin, rue de la Belette agile, entre les numéros 12 et 14.
Comme chaque matin la boulangère, vivant au n°12, et la pharmacienne, occupant le n°14, ouvrirent leurs volets au premier coup de six heures. Quelle ne fut pas leur surprise de découvrir, presque sous leur fenêtre, dans son couffin, la chose emmaillotée. Avant même le sixième coup, elles se tenaient toutes deux au-dessus de l’adorable créature. Deux mères d’un coup, pensa peut-être l’ingénu, que la Fortune est généreuse, et c’est un double sourire aussi qu’il envoya. – Un don du Très-Puissant, je le prends ! – Un cadeau de la vie, il est pour moi ! Elles se menacèrent, s’insultèrent, se bousculèrent, tirant chacune à soi l’angelot chéri. – Vas-tu bien me le laisser, tu l’empoisonnerais avec tous tes produits toxiques. – Jamais, et je lui offrirai un autre destin que de moisir à vendre du bâtard rassis. Étonné d’abord, inquiet ensuite, puis terrorisé, le bambin, non content de hurler comme un supplicié, fut pris d’une abondante colique nerveuse. – Eh bien garde-le alors ton sale mioche. – Jamais de la vie, ce merdeux t’est destiné. Elles s’injurièrent, s’empoignèrent, se tabassèrent, oubliant bien vite l’immonde chiard dans son jus.
Morale : soyez précis quand vous abandonnez votre bébé.
[Après vérification et contre toute attente, nul petit pot de beurre ne fut retrouvé dans le couffin. On conjectura : serait-ce l'ingénieux fabuliste qui aurait évoqué ledit pot dans le titre pour faire plus fable ; serait-ce l’infâme apothicaire qui aurait pris le pot (et laissé le môme) pour mieux faire passer ses pilules ; serait-ce l’inspecteur chargé de l’enquête qui aurait distrait le pot pour sa vieille mère malade ?]
Déviez !
Sexagénaire.
Ils ont l’humour acide les faiseurs de mots – des trentenaires attardés, évidemment.
Les médias sont écologiques, ils recyclent leurs déchets.
– Je n’aime pas ma vie, je suis moche, je suis bête, je voudrais être quelqu’un d’autre !
– Euh… d’accord mais pas moi s’il te plait.
J’aime la polémique.
Je veux dire le mot. Aussitôt entendu ou lu, je rejoins Éphèse et assiste, aux côtés d’Héraclite, au conflit entre le bleu des dieux et l’ocre humain, aux querelles amoureuses entre l’arc sédentaire et la flèche pérégrine et nous jouons à parier sur l’issue du débat entre Jour et Nuit.
La chose, non, la chose ne m’intéresse pas.
On nait fœtus, on ne le devient pas.
[Ah ah ! qu’est-ce qu’ils répondent à ça tous les krypto-marxistes et autres post-relativistes !]
Tout, même et surtout le proche et le quotidien, requiert le recul, l’oubli peut-être, le détour sûrement.
Les voix sont là qui chantent le fracas du monde et la beauté des ombres mais les oreilles sont pleines déjà de bruits et de rumeurs.
Trop ordonné borné
Ce monde réglé jugé
Je jure et tu dissones
Faire-part : Ringo, Sheila, Hervé Vilard, Alain Chamfort, Nicoletta, Hugues Aufray, Alain Barrière, Nicole Croisille, Marie Laforêt, Daniel Guichard et quelques autres chanteurs français sont, en revanche, toujours en vie.
[Adamo, Dave, Annie Cordy, Frédéric François et Petula Clark également mais ils ne sont pas français ; Alain Finkielkraut va bien aussi mais ne chante pas à ma connaissance.]
R.I.P Maurice White.
À vouloir, toujours, saisir ce qui se réserve ou se dérobe, on finira bien par figer les sourires et tarir les désirs.
Et toujours les mensonges prolixes du mot qui fait l’intéressant pour nous détourner de l’intrigant silence de la chose.
Le vieux sage dit : si tu n’es parfaitement latéralisé, quand tu vas au local poubelle jeter tes ordures, laisse tes clés dans ta poche.
La chose, c’est l’objet affranchi du sujet : indisponible, touffue et qui dépasse toujours dans la marge.
Le mot nomme mais le nom appelle.
Alors, il te faut offrir ton visage et répondre.
Je me permets de conseiller à quiconque aurait programmé une mort prochaine et spectaculaire d’attendre un peu : les rockers et gens de cinéma trustent ce début 2016, et ils sont plutôt voyants.
À ce propos je voudrais saluer la longévité de certaines carrières (Bowie, Rivette...) et inviter les doyen-ne-s de l’humanité à s’en inspirer.
– Eh oui, quoi ! faites un petit effort tout de même, certain-e-s d’entre vous ne tiennent pas un an !
Je ne comprends pas bien cette obsession des hommes politiques à écrire. Voit-on les poètes lancer le marteau ou les philosophes vendre des Airbus ?
L’idée serait-elle que n’importe qui peut écrire ?