Lucette Jeanjean, magnifique nonagénaire, digne sans être affectée et avenante sans être expansive, commençait toutes ses journées par une biscotte sans sel et un thé Darjeeling. Ensuite, elle prenait exactement le temps qu’il fallait pour se préparer, ce qui était assez variable. S’il pouvait lui arriver d’hésiter sur la couleur d’un foulard ou le choix d’un collier, si parfois même elle décidait de s’en remettre au hasard, jamais elle n’aurait perdu son temps. À l’inverse et en conscience, elle prenait soin de ne pas le rentabiliser non plus, son temps (comme disait laidement et sottement son jeune voisin) et ne cherchait jamais à en gagner.
Il ne faut pas humilier le temps, arguait-elle, être toujours prête sans rien précipiter, ne rien attendre, sans jamais refuser.