Souvent plus facile de raccourcir que de rallonger et de tacher que de blanchir.
La vie a quelque chose du pantalon usé.
Souvent plus facile de raccourcir que de rallonger et de tacher que de blanchir.
La vie a quelque chose du pantalon usé.
Partir de rien et s’éloigner peu.
Pour les paroles, je ne sais si elles s’envolent mais les écrits, assurément, ne restent pas – je veux dire qu’ils ne restent pas tels, et vivent et dérivent.
J’ai parfois constaté qu’un pauvre reste, né malingre et déjà vieux, posté à la va-vite un samedi soir creux et honteux, pouvait se présenter le dimanche matin, profond, athlétique et lumineux. Si, si.
Bon, le contraire arrive souvent aussi ; mais cela ne fait que confirmer mon hypothèse.
J’écris à la craie sur ton cul
Et tes vents soufflent tout c’est nul
Et tes eaux effacent tout ça coule
– Quoi ! six francs le kilo de tomates. C’est du vol !
– Mais non Pépé, c’est six euros.
– Ah bon, donne-moi une livre alors.
D’Ormesson publié dans La Pléiade. Toute la presse en parle.
L’auteur ajoute, « dans vingt ans et plus, les lecteurs pourront juger mon œuvre ». Ouf ! ça me laisse un peu de temps avant de commencer à le lire.
Hier, 20 février 2014, c’était aussi le jour de sortie, dans la même Pléiade, des œuvres de Jaccottet. On parle moins de lui, me semble-t-il. Faut dire qu’il l’a bien cherché : « L’effacement soit ma façon de resplendir », écrit-il. Ce n’est vraiment pas malin en termes de stratégie marketing.
Mais vérifiez : c’est resplendissant.
Admirant ce splendide fléau à verges plates posé sur la cheminée (en chêne rouvre, me précisa-t-on), je me demandai si nos arrière-petits-enfants s’extasieraient à leur tour devant des perceuses à percussion accrochées au mur.
Bloqué à 500 m du sol sous cette falaise en aplomb, sentant venir et la crampe et l’angoisse, l’alpiniste tâchait de visualiser son dernier cours de yoga sur le lâcher-prise.
Presque tu
un souffle
le haïku
Reste encore un peu, dit la montagne au vieux chêne mourant, agacée par tant d’inconstance.
Hier, au studio Planet Live, à Bondy, vingt-sept privilégiés ont pu assister, après des heures d’attente et plusieurs mois de traque, à une répétition des Rolling Stones.
- C’était énorme et super rock ’n’ roll !
Soit. Eh bien moi, figurez-vous, le 10 février à 21h51, devant la charcuterie Robert, après des années d’attente, j’ai assisté à la performance des Red Hot Chili Pepper qui n’a pas eu lieu. Et j’étais le seul ! (Il y avait bien un chien aussi, mais il était sans doute là par hasard et ne compte pas, d’autant qu’il somnolait et n’a manifestement rien noté d’inordinaire).
Le poète fait l’appel.
Et les cailloux se taisent
solidaires des ombres.
Alors que depuis plusieurs décennies, je l’ignore bien injustement, je voudrais aujourd’hui présenter mes excuses les plus sincères à mon coude. Je découvre sa généreuse disponibilité ; non sans une touchante maladresse, il m’assiste tant qu’il peut.
Je me suis cassé le poignet.
– Hiiiiiiiiiiiiiiiii Rita Cindy Dads Maloun, je suis enceinte !!!!!!!
– Mais… euh… Qu’est-ce que vous faites sur mon blog ?
– Ben c’est qui lui !? Rita c’est toi ?
– Écoutez, j’ignore qui est Rita, je suis Arno et vous êtes sur mon blog Les Restes du Banquet, c’est écrit là-haut.
– Hein, on n’est pas sur Les Restes de la Banquette ? Oh putain c’est encore l’autre naze de Kevin.
– Non, c’est le Banquet et je ne connais pas de Kevin.
– Kevin c’est le papa.
– Ah le papa, mais comment a-t-il pu pénétrer…
– Quoi, pénétrer. Eh gros dégueulasse, mais c’est quoi ce site de vieux pervers.
– Mais pas du t…
– Ritaaaaaaaa
------------------------------
PS pas de reste aujourd’hui, j’ai été victime d’un hacking.
PPS maman, je ne suis pas enceinte.
L’homme est l’animal qui s’absente.
Au creux de ce retrait, fragile et sans raison, se présente le sens.
Il ne suffit pas d’estouplir une synecdoque pour dégouler un oligarque.
L’amoureux ne voit pas avec ses yeux mais avec son cœur.
C’est malin ! Allez vous étonner ensuite qu’il se cogne si souvent le petit orteil.
Que la beauté pure et chatoyante du ciel n’offusque pas la fidélité rocailleuse du chemin.
Si je devais écrire une autobiographie, elle commencerait ainsi : « c’est ici un livre de mauvaise foi ». Je suis bien désolé mais vous préviens : contrairement au parti-pris de Montaigne, je ne m’y peindrais ni tout entier, ni tout nu.
L’écriture nous offre l’inestimable et jouissante possibilité d’être autre (autre âge, autre caractère, autre sexe…), et il faudrait que, non content de vivre ordinairement comme tout le monde, on raconte cela banalement et fidèlement ?
Les ruines comme les rides ont leurs esthéticiens ; les uns conservent, les autres effacent.
Le mâle est las
Sa lame est blême
Et son mât balle
Il blâme et bêle
Son âme a mal
Son animal est mat
Et sa dame date
On a fait la moitié du chemin quand on a compris que le monde n’est pas un dehors dans lequel on est.
Il faut encore parcourir la deuxième moitié et comprendre qu’il n’est pas non plus un dedans projeté.
Enfin, il reste la troisième moitié ; ça devient mal signalisé et cahoteux.
C’est assez frustrant de penser qu’un des plaisirs les plus forts est celui du sommeil profond – un peu comme un orgasme sous péridurale.
C’est plaisant de voir combien les randonneurs sont courtois, souriants et toujours prêts à renseigner. La durée moyenne d’une rencontre sur un sentier est de quelques secondes, une minute grand maximum. Serait-ce la durée de vie commune idéale ?
La conquête est toujours la quête du con.
(Entendre le double génitif objectif et subjectif).