Z.A.D.
– Lâchez rien ! Les fusiliers sont sur zone, s’égosilla Mazarine, harangueuse zélée qui en imposait malgré son format bonzaï.
– Pas de lézards, on va pas s’écraser, répondirent Zayd et Ziad, deux Tunisiens homozygotes aux yeux azur (c’était beau mais ça faisait bizarre).
Bien disposés à résister, les zadistes étaient prêts.
– Allez, faites pas les zouaves, déposez les armes.
– Peau d’zebbi, z’aurez pas nos bazookas ni nos panzers, because on est trop zaraf !, opposa résolument Frantz qui avait appris le Französisch avec Rodriguez, et la présomption de bienfaisance ?, ajouta-t-il dans un français peu usité.
Ils étaient nombreux, au moins cent douze ou deux cent treize, peut-être. Il y avait Zoé, Liz et Zélia (encore très jeunes mais plus très zens) et Aziz, balèze et rusé, et Suzon, pleine de désir pour son “zoli basané” comme elle disait, et qu’elle couvrait de bisous.
– Bon, vous descendez des arbres, on n’est pas au zoo ; c’est compris, vous dégagez paisiblement ou on utilise les gaz.
– Primo, z’êtes que des sales Nazis ! Deuzio, ça va zlataner dur, bande de tarlouzes, ironisa Soizic, une ex miss Arzon, vigoureuse comme un maquisard et gracieuse comme un bronze (mais peu soucieuse de ciseler ses phrases) ; c’est cela, c’est vous qui dégagez présentement, misérables barbouzes, vous nous occultez l’horizon, préconisa Zéphirin dans un style moins zolien que balzacien.
Et puis des zigs du coin aussi, et des gonzesses, pas venues que pour causer, des producteurs de colza ou des fumeurs de luzerne, des joueurs de zarb ou de gazou, des professionnels de la zizanie et des spécialistes du buzz. Ce n’était pas le château de Laze mais on y vivait bien, à la Z.A.D., sans topazes ni perlouzes.
– Vous vous prenez pour des zapatistes ou quoi ? Allez, virez de là ou on dézingue tout. On ne plaisante plus.
– Mazette, s’avisa Enzo terrorisé, sont grave nazes les zombies rasés !
– Triple buse, ça va partouzer, se réjouirent de leur côté Zadig et Azora (Zinedine et Zahia, de leurs vrais noms).
Et Bazile et Zébulon, deux drôles de zozos à tête de bonze, et Fernandez qui cachait son eczéma derrière son masque de Zorro et Lorenzo déguisé en Tarzan, avec son falzar en peau de zébu.
– Soyez raisonnables les enfants, libérez la zone, osa posément un gradé élevé chez les Jésuites.
– Soyez enfants, les raisonnables, dézonez la liberté, s’amusa Zaza, une ex-zazou.
Et Zbigniew le poète qui venait de Zdzieszowice mais il était plus showbiz que kolkhoz, Zénon, le philosophe déphasé aux idées zarbies et Balthazar (référence à la bouteille pas aux rois mages), le jazzophile qui voyait la vie en rose (référence à Armstrong pas à Piaf).
– Libérez la zone, entendez-vous, deuxième sommation, bissa le gradé, avec un zeste de suffisance (l'effet Jèses).
– Zut, y vont nous zigouiller, les boules à zéro. Balancez tout et visez bien, le chorizo et les bretzels, le zan, le ouzo, les zakouskis (non, pas la pizza, j’ai pas fini ! supplia Zazie qui avait toujours un métro de retard), la mozzarelle, le pain azyme et tout le bazar. Banzai, et que ça fuse, on passe en mode Gaza !
– Non mais ils sont complétement azimutés, qu’est-ce qu’on fait chef, c’est le binz complet et j’ai de la merguez moisie dans le casque ?
– Partisans de toutes les Z.A.D., chargez, hurla la fougueuse Suzanne, on va leur faire bouffer le gazon.
– Euh..., alors chargez également, hésita le gradé, définitivement désabusé.