Ils étaient nombreux à avoir fait le déplacement, pour voir ou être vu.
Il y avait un boucher-charcutier, néo-retraité qui sentait la lavande bio et l’ennui, un jeune crétin des villes à tête de mixeur sans fil et sans idées, il y avait un couple de cravates ébouriffées aux couleurs tunisiennes, des mocassins à glands qui se prenaient pour un Van Gogh heideggérien, il y avait des papillons d’or fin que l’on eut préféré en chocolat corsé, il y avait beaucoup de monde, beaucoup de choses, le fils putatif de la petite marchande d’allumettes, une visseuse à main (que personne n’avait invitée, évidemment) qui tentait désespérément de cacher sa mèche télescopique, une chroniqueuse caustique nue mais trilingue, une indéfinissable odeur de ressentiment participatif, il y avait la prof de maths, ses châteaux en Espagne et ses friponneries nippones, et puis le souvenir râpeux de ton câlin post-traumatique, et encore, j’en oublie, les échantillons soldés de discours exemplaires, les héros du ministère de l’érotique pathétique…
Pour une raison que je ne m’explique pas Madame Lebon n’était pas là.