Selon Nora, si l’on suit les commentaires qui accompagnent son « scénario », il s’agissait de Suzanne car si l’on pouvait éventuellement la confondre, par mégarde, de nuit et saoul, avec Andrée, l’inverse était impossible : Andrée ne ressemblait qu’à Andrée, même ivre et dans le noir. Donc, si Gustave doutait, il ne pouvait s’agir que de Suzanne. Dans la marge Nora avait noté et surligné en jaune : « Évidemment !!! ».
Soit. Il fallait s’incliner. Rien ne résistait à la puissance logique de Nora. Le raisonnement était implacable mais la conclusion n’allait pas sans conséquences graves ; en effet, si cette relation adultère n’était pas un crime en soi, elle pouvait faire de Gustave le père de Charles-Marie qui devenait ainsi le demi-frère d’Odette… sa future épouse. La chose était plus ennuyeuse.
« Innocent et heureux, Gustave bascula à nouveau sur le dos. Épuisé, hébété et très saoul, sa main gauche lui échappa et rencontra fortuitement sa veste de laine qu’il avait abandonnée sur la paille. Il y posa la tête et glissa lentement dans le sommeil avec une indicible délectation. »